Théâtre Physique - Pédagogie Lecoq                  Arles
La naissance du personnage            Les 15 et 16 avril 

     La préparation corporelle vise à mettre le corps dans les dispositions du jeu : écoute, disponibilité, éveil et vivacité musculaire, attention à la précision du geste, au rythme, détente, équilibre, légèreté, et surtout désir de s’amuser (car jouer est un avant un jeu).
    L’analyse des mouvements vise à faire prendre conscience au corps des grandes règles qui déterminent la dynamique des mouvements et de ce qu’ils expriment, évoquent, transmettent : place, déplacements et occupation des corps dans l’espace, justification et valeur d’un mouvement sur le plan de l’émotion, sens des différentes attitudes, rôle des différentes parties du corps, présence de grands imaginaires poétiques (tragédie, drame, comédie, etc) dans des gestes quotidiens.
      Le masque neutre vise à trouver le calme, le silence et l’équilibre (attributs essentiels du comédien sur lesquels vont pouvoir venir se greffer et se choisir d’autres qualités de jeu). Mais il permet surtout de dépouiller le jeu de tout ce qui est anecdotique, de ses mouvements parasites, autrement dit il permet d’essentialiser le jeu, de trouver ce qui est commun, grand et puissant. Il permet au comédien de se découvrir, de maintenir son moi hors-jeu et de développer sa disponibilité à l’espace.
      L’étude et l’identification aux matières, aux éléments, aux animaux visent à mettre en lumière la richesse poétique de nos relations aux choses et à la nature et à mettre cette richesse au service de la création d’un personnage pour lui donner de la profondeur et de la vie. Car on gagne autant sinon plus à chercher son inspiration à l’extérieur dans ce qui nous est donné à éprouver communément, qu’en soi-même. C'est à partir de ces personnages que les rôles vont pouvoir prendre en densité : faut-il alors imaginer un Avare-serpent ou un Avare-écureuil, un Roméo-bleu ou un Roméo-rouge, une Antigone-feu ou une Antigone-terre ?

      Les improvisations sont la base de tout travail de recherche. Car il n’y a pas d’apprentissage par corps qui puisse faire l’économie d’une exploration et d’une proposition. De combats, pourrait-on dire, s’il s’agissait d’un art martial. Mais comme il n’y a pas non plus de créativité sans contraintes elles seront fortement thématisées et guidées. Elles nous permettront de trouver le goût et le plaisir du jeu, de rire de nos maladresses et d’apprendre de nos erreurs et peut-être parfois, espérons-le, de toucher du doigt quelque chose de vrai et de juste, c’est-à-dire qui nous touche et qui résonne chez les autres.